Extrait 1 : réécrire au style direct

 

 

Ensuite, il a beaucoup bavardé. On l’aurait bien étonné en lui disant qu’il finirait concierge à l’asile de Marengo. Il avait soixante-quatre ans et il était parisien. A ce moment je l’ai interrompu : «  Ah ! vous n’êtes pas d’ici ?  » Puis je me suis souvenu qu’avant de me conduire chez le directeur, il m’avait parlé de maman. Il m’avait dit qu’il fallait l’enterrer très vite, parce que dans la plaine il faisait chaud, surtout dans ce pays. C’est alors qu’il m’avait appris qu’il avait vécu à Paris et qu’il avait du mal à l’oublier. A Paris, on reste avec le mort trois, quatre jours quelquefois. Ici on n’a pas le temps, on ne s’est pas fait à l’idée que déjà il faut courir derrière le corbillard . Sa femme lui avait dit alors : «  Tais-toi, ce ne sont pas des choses à raconter à monsieur. » Le vieux avait rougi et s’était excusé. J’étais intervenu pour dire : « Mais non. Mais non. » Je trouvais ce qu’il racontait juste et intéressant.

 

 

Extrait 2 : réécrire au style indirect

 

 

On lui demanda : «Que pensez-vous de son crime ?»

Il mit alors ses mains sur la barre et l’on voyait qu’il avait préparé quelque chose.

«Pour moi c’est un malheur, dit-il. Un malheur, tout le monde sait ce que c’est. Ça vous laisse sans défense. Eh bien ! pour moi c’est un malheur.»

Il allait continuer mais le président l’interrompit :

«— C’est bien. Je vous remercie.

— Je veux encore parler, déclara Céleste un peu interdit.

— Soyez bref.

— C’est un malheur, répéta-t-il.

— Oui, c’est entendu, dit le président. Mais nous sommes là pour juger les malheurs de ce genre. Nous vous remercions.»

 

Albert Camus, extraits de L’étranger, 1942

 

 

Corrigé pour l’extrait 1 : justifier l'emploi des temps de conjugaison

 

Ensuite il a beaucoup bavardé :

« — On m’aurait bien étonné si on m’avait dit que je finirais concierge à l’asile de Marengo. J’ai soixante-quatre ans et je suis parisien ...

— Ah ! Vous n’êtes pas d’ici, l’ai-je interrompu. »

Puis je me suis souvenu qu’avant de me conduire chez le directeur, il m’avait parlé de maman :

« — Il faut l’enterrer très vite, parce que dans la plaine il fait chaud, surtout dans ce pays. J’ai vécu à Paris ... et j’ai du mal à l’oublier. Là-bas, on reste avec le mort trois, quatre jours quelquefois. Ici on n’a pas le temps, on ne s’est pas fait à l’idée que déjà il faut courir derrière le corbillard ...

  Tais-toi, ce ne sont pas des choses à raconter à monsieur, avait dit sa femme.

  Excusez-moi, m’avait-il dit en rougissant.

  — Mais non. Mais non. Ce que vous dîtes est juste et intéressant. »