Sujet BEP Indus 2000 ACAD REIMS par jm Duquénois

 


Texte 1 :

Après une attaque meurtrière durant la guerre 1914 - 1918, René PIGEARD, vingt-deux ans, profite d'une accalmie pour écrire à son père.

 

Le 27 août 1916

Cher papa,

Dans la lettre que j'ai écrite à maman, je lui disais tout notre bonheur à nous retrouver " nous-mêmes ", après s'être vus si peu de chose... à la merci d'un morceau de métal ! ... Pense donc que se retrouver ainsi à la vie c'est presque de la folie être des heures sans entendre un sifflement d'obus au-dessus de sa tête... Pouvoir s'étendre tout son long, sur de la paille même... Avoir de l'eau propre à boire après s'être vus, comme des fauves, une dizaine autour d'un trou d'obus à nous disputer un quart d'eau croupie, vaseuse et sale ; pouvoir manger quelque chose de chaud à sa suffisance, quelque chose où il n'y ait pas de terre dedans, quand encore nous avions quelque chose à manger... Pouvoir se débarbouiller, pouvoir se déchausser, pouvoir dire bonjour à ceux qui restent... Comprends-tu, tout ce bonheur d'un coup, c'est trop. J'ai été une journée complètement abruti. Naturellement toute relève se fait de nuit, alors comprends aussi cette impression d'avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un arbre vivant, pas un arbre qui ait encore trois branches, et le matin suivant après deux ou trois heures de repos tout enfiévré voir soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie, pleins de sève, voir enfin quelque chose qui crée au lieu de voir quelque chose qui détruit !

Pense que de chaque côté des lignes, sur une largeur de un kilomètre, il ne reste pas un brin de verdure, mais une terre grise de poudre, sans cesse retournée par les obus : des blocs de pierre cassés, émiettés, des troncs déchiquetés, des débris de maçonnerie qui laissent supposer qu'il y a eu là une construction, qu'il y a eu des " hommes "... Je croyais avoir tout vu à Neuville. Eh bien non, c'était une illusion. Là-bas, c'était encore de la guerre : on entendait des coups de fusil, des mitrailleuses, mais ici rien que des obus, des obus, rien que cela; puis des tranchées que l'on se bouleverse mutuellement, des lambeaux de chair qui volent en l'air, du sang qui éclabousse... Tu vas croire que j'exagère, non. C'est encore en dessous de la vérité. On se demande comment il se peut que l'on laisse se produire de pareilles choses. Je ne devrais peut-être pas décrire ces atrocités, mais il faut qu'on sache, on ignore la vérité trop brutale.

 

D'après René PIGEARD

Parole de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918,

Editions Librio, Radio-France, 1998



QUESTIONS

 

Toutes les réponses doivent être rédigées.

 

COMPÉTENCES DE LECTURE : (10 points)

 

1) (2 points) Qui est l'auteur de la lettre ? Que savons-nous de lui ? Pour qui a-t-elle été rédigée ? Dans quelles intentions ?

2) (4 points) En relisant le passage de la ligne l à 14 (" Le 27 août..... c'est trop "), dites pourquoi cette lettre est émouvante.

Relevez et nommez au moins deux procédés d'écriture qui traduisent l'émotion du soldat.

3) (4 points) Relisez le dernier paragraphe de la lettre et mettez-le en relation avec le document 2.

Dans cet extrait, quelles expressions peut-on associer à chacune des trois vignettes A, B et C ? Présentez votre réponse sous forme de tableau.

Précisez quels aspects de la guerre les deux auteurs, l'un par le texte, l'autre par l'image, veulent présenter.

 

COMPÉTENCES D ÉCRITURE: (10 points)

 

Vous êtes le père de René Pigeard et vous répondez à sa lettre quelques jours après sa réception.

Dans cette lettre vous lui manifestez votre inquiétude et votre soutien et vous lui parlez de la vie au village.

Votre lettre comportera au moins vingt-cinq lignes.

(La qualité de l'orthographe, de la syntaxe et de la grammaire sera prise en compte dans la limite de 3 points).


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