TEXTE 1

 
 

Ce texte est l'œuvre d'un écrivain d'origine sénégalaise qui a grandi en France. Il a été publié à l'époque où les anciennes colonies françaises réclamaient leur indépendance qu'elles ont obtenue depuis.
 
 

Afrique
 
 

À ma mère
 
 

Afrique, mon Afrique

Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales (1)

Afrique que chante ma grand-mère

Au bord de son fleuve lointain

Je ne t'ai jamais connue

Mais mon regard est plein de ton sang

Ton beau sang noir à travers les champs répandu

Le sang de ta sueur

La sueur de ton travail

Le travail de l'esclavage

L'esclavage de tes enfants

Afrique, dis-moi Afrique,

Est-ce donc toi, ce dos qui se courbe

Et se couche sous le poids de l'humilité (2)

Ce dos tremblant à zébrures rouges

Qui dit oui au fouet sur les routes de midi

Alors gravement, une voix me répondit

Fils impétueux (3), cet arbre robuste et jeune

Cet arbre là-bas

Splendidement seul au milieu des fleurs blanches et fanées

C'est l'Afrique, ton Afrique qui repousse,

Qui repousse patiemment, obstinément

Et dont les fruits ont peu à peu

L'amère saveur de la liberté.
 
 

David DIOP, Coups de pilon dans Présence Africaine, 1956.
 
 

(1) ancestrales : des ancêtres.

(2) humilité: soumission.

(3) impétueux : rapide et violent.
 
 

Texte 2
 
 

     Ma première confrontation avec le racisme a eu lieu en France. J'avais neuf ans. Dans mon école, les Noirs étaient affublés d'un sobriquet (1). Était-ce du racisme ? Chez les enfants, c'est plutôt de la bêtise, mais cela me touchait. Je venais de la Guadeloupe, où de nombreuses communautés vivent ensemble. Là-bas, je n'avais ressenti aucune discrimination.

     Le racisme n'est pas naturel. Il est pensé. Il est généré par des adultes qui établissent des différences entre les couleurs de la peau et les cultures. Pour en venir à bout, le rôle de l'école est primordial. [...] L'histoire des peuples est très mal enseignée : chaque pays se l'approprie pour démontrer que son comportement passé a été juste. De même, j'ai toujours été choqué que les Noirs n'apparaissent dans l'Histoire qu'à propos de l'esclavage. Leur situation, avant cette page dramatique, n'est jamais évoquée, comme s'ils avaient toujours été des esclaves ! Leur véritable histoire, leur culture est trop souvent bafouée (2). Il s'agit d'un vide historique, d'un voile sur la mémoire de ces peuples.

     Un vrai travail de mémoire est indispensable pour qu'on ait, un jour, l'espoir d'éradiquer (3) le racisme. Certaines nations doivent reconnaître leurs torts passés, notamment vis-à-vis de l'esclavage qui, selon moi, est une des sources du racisme. La vérité doit être écrite, non dans un esprit de vengeance mais afin d'engager une véritable réconciliation [...]

     Ma déception est de constater que le racisme est toujours présent. Il existe depuis des siècles. On veut nous faire croire que nous vivons dans un monde merveilleux, qui a rapproché les hommes grâce aux nouvelles technologies. Mais le constat est brutal : nous n'avons pas beaucoup progressé spirituellement. Le droit à la différence, même pour ses propres voisins, n'existe pas. La globalisation, telle que je la conçois, passe par le respect de sa différence, puisque nous avons chacun une histoire différente.
 
 

Entretien de Lilian THURAM, footballeur professionnel, dans Le Courrier de l'Unescoseptembre 2001
 
 

(1) un sobriquet : un surnom moqueur.

(2) bafouée: méprisée.

(3) éradiquer : faire disparaître complètement.
 
 

Question
 
 

TOUTES LES RÉPONSES DOIVENT ÊTRE RÉDIGÉES
 
 

Compétence de lecture (10 points)
 
 

Texte 1
 
 

Question n° 1

À quel genre littéraire appartient ce texte.

Justifiez votre réponse en relevant trois caractéristiques.
 
 

Question n° 2

Quelles sont les trois visions successives de l'Afrique proposées par l'auteur ? Argumentez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
 
 

Texte 2
 
 

Question n° 3

Comment, selon Lilian Thuram, peut-on combattre le racisme ?
 
 

TEXTES 1 ET 2
 
 

Question n°4

Dans son entretien, Lilian Thuram utilise pour évoquer l'histoire des "Noirs", l'expression "page dramatique" et l'expression "la mémoire de ces peuples". Relevez les vers du texte 1 qui pourraient correspondre à chacune de ces expressions.
 
 

COMPÉTENCES D'ÉCRITURE (10 points)
 
 

À la suite de l'entretien accordé par Lilian Thuram, le Courrier de l'Unesco donne la parole aux lecteurs sur le thème : "sport et tolérance". Dans une lettre d'une trentaine de lignes que vous adressez au journal, vous direz si le sport est un moyen de transmettre les valeurs de respect et de tolérance entre les hommes, ou si au contraire il incite à la violence et au racisme.
 
 

Votre travail sera évalué sur

    le respect de la situation de communication et de la consigne,
    la qualité de l'expression écrite,

    la qualité de l'argumentation (thèse, arguments, exemples).

Pour préserver l'anonymat vous ne signerez pas votre lettre.
 

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