Groupement interacadémique IV

Session: 2003

EXAMEN: BEP- CAP INDUSTRIEL

Épreuve: FRANÇAIS

Envoi de Bernadette Racouchot

 

Texte 1

 

Soudain Viander nous siffla depuis le sas. Soudan se figea.

- Viens, on ripe. Tranquillement, sans courir. ..

Le contremaître ferma la porte derrière nous.

-Retournez vite à votre établi, ils font un contrôle de postes.

Je planquai le mélange sous un tas de chiffons de nettoyage avant de revenir près de la rectifieuse. Un ingénieur flanqué de deux Allemands inspectait l'atelier. Je réalisai, les voyant s'approcher de nous, que je n’avais pas ressenti la moindre peur. L’ingénieur ordonna la mise en route de la machine-outil à Soudan. Le moteur siffla puis trouva son rythme. Les Allemands hochèrent la tête, visiblement satisfaits du matériel.

Si quelqu'un m'avait dit ce jour-là : tu viens d'entrer dans la Résistance, je crois bien que je lui aurais éclaté de rire au nez. La Résistance du pot de graisse !

Au cours des deux semaines suivantes, j'ai participé à une douzaine d'actions de ce genre. Il nous était difficile, pratiquement impossible d'intervenir sur notre propre travail. Trop risqué en raison de la surveillance minutieuse qu'exerçaient les Allemands et du système de contrôle de qualité mis au point, à leur demande, par un groupe d'ingénieurs français. Nous sabotions le matériel en fin de chaîne, quand il était prêt à être livré, un jour les roulements, l'autre les freins ou les systèmes d'attache. Ça lâchait une semaine, un mois plus tard, en Pologne, en Hollande ou en Auvergne. Mis à part Soudan et Viander, je connaissais trois autres membres des groupes de résistance d' Usiméca1 deux anciens mineurs révoqués avant guerre par les 20 Houillères et un Marocain du nom de Moktar.

En mai, la centrale électrique de la fosse 3 a sauté avec cinq sentinelles. En représailles, les Allemands ont fusillé huit gars de Cauchel qu'ils gardaient en otage dans la citadelle d’Arras. L'atmosphère s'était soudain alourdie en ville.

 

Didier Daeninckx, La mort n'oublie personne, Ed. Denoël, 1989.

 

1 Usine où travaillent les ouvriers.

 

Texte 2

 

Témoignage de Lazare

 

Je suis né à Paris en 1933 ; mon frère, en 1935.

Je n'avais plus de souvenir précis de mon père, je me raccroche à une photo.

De caractère, il me semble qu'il était comme moi, parfois triste, taciturne, un peu renfermé. Assez sévère avec moi; il paraît que j’étais déjà très dur.

Vois-tu, l'étoile jaune, je l'ai portée tout le temps à Paris1. C'était terrible. À chaque récréation, chaque sortie de classe, je me faisais injurier; je ne le supportais pas, je me battais à mort ; je me souviens que mon petit frère était à sa dernière année de maternelle, à la sortie il venait me donner un coup de main. J'ai subi des brimades des instituteurs, des gifles à toute volée. Les vaches, ils en profitaient, personne pour me défendre, ils se défoulaient. Heureusement, j'ai toujours été costaud. Aucun d'entre eux n'a eu un geste humain. tout simplement humain, bien au contraire. Quelqu'un me traitait de « sale juif», je ne le supportais pas, je lui tombais dessus; on disait que c'était moi qui débutais la bagarre, on me punissait sévèrement pour avoir osé... Ça ne s'oublie jamais, tout ça !

 

Claudine Vegh, Je ne lui ai pas dit au revoir, des enfants de déportés parlent, Ed. Gallimard, 1979.

 

1 Une ordonnance du 22 mai 1942 oblige, en zone occupée, les juifs âgés de plus de six ans à porter l'étoile jaune, « solidement cousue au vêtement ».

 

                                     

QUESTIONS

 

Toutes les réponses doivent être rédigées

 

I- COMPÉTENCES DE LECTURE                                                                    (10 points)

 

Textes 1 et 2

1  A quelle période historique ces deux textes font-ils référence ?          1 pt

    Relevez dans chaque texte un indice qui le montre.                              1 pt

 

Texte 1

2. ...une douzaine d'actions de ce genre (ligne 12)

a. A quelles actions ces hommes se livrent-ils ?                                         1 pt

Relevez deux indices dans le texte.                                                         1 pt

b. Quels risques prennent-ils ?                                                                2 pts

 

Texte 2

3. Comment Lazare a-t-il vécu les années de guerre à Paris ?                    1 pt

   Relevez au moins deux exemples dans le texte qui justifient votre réponse.        1 pt

 

Textes 1 et 2

4. Qu'est-ce qui rapproche le comportement des ouvriers dans le texte I de celui de Lazare dans le texte 2 ?                                                                                                         2 pts

 

II- COMPÉTENCES D'ÉCRITURE                                               (10 points)

 

Vous souhaitez convaincre vos camarades de classe de s'engager dans une action humanitaire qui vous tient à cœur. Rédigez le texte de l'article qui sera publié dans le journal de l'établissement.

Votre article consistera en une argumentation d'une trentaine de lignes.

 

Il sera tenu compte de la qualité de l'expression ( syntaxe, lexique, orthographe...)

 

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