Corrigé
1.
-
1
à 34 et 241 à 246 : narrateur absent (récit à la 3éme personne) et
focalisation 0 (ou point de vue omniscient) car à défaut de connaître les
pensées de chaque personnage, il voit tout et se situe partout à la fois.
-
35
à 240 : le narrateur est aussi le personnage témoin du récit enchâssé,
l’ami de Jean Summer (récit à la 1ére personne [cf. l. 117-118])
Dans le film (cf. doc. 4), la voix du narrateur
omniscient est censée être celle d’un
narrateur invisible attribuée à l’écrivain Maupassant (cf. début du film)
ce qui permet à Ophüls de revendiquer le caractère littéraire des histoires
qu’il propose et, en affirmant la place de l’écrivain, de le tenir à distance
pour refuser de s’identifier à lui (la voix de Maupassant nous parle de plaisir
quand Ophuls conclut son film sur le bonheur, la voix de Maupassant annonce
« la confrontation du plaisir et
de la mort » quand le film
donne à voir l’amour et la mort de l’amour…), celle du narrateur personnage « un chroniqueur parisien (= l’ami de J. Summer) auquel
je prêterai ma voix »
(dans ce cas, fidélité de l’adaptation au récit).
Soit 2 enjeux différents : le mot amour n’a guère
de place dans l’univers de Maupassant quand il est au centre de l’œuvre
d’Ophüls.
2.
Passage |
Thème |
Thèse |
42 à 53 |
Les femmes
modèles |
« une
race de dindes »… |
54 à 84 |
Les femmes |
Impossibilité
de pouvoir les comprendre |
92 à 102 |
Les
relations conjugales |
Nécessité
d’une « accordance d’âme, d’humeur et de tempérament » pour
qu’une relation puisse s’épanouir et perdurer. |
Les propos du narrateur personnage peuvent être
qualifiés de pessimistes et de profondément misogynes (« femmes avariées…race de
dindes…emportées…criminelles…insaisissables émotions…mentent sans
cesse…résolutions violentes, inattendues, incompréhensibles,
folles…etc. »).
3.
-
les
principales différences : dans le film, le discours du narrateur est beaucoup plus court et condensé (le
20éme de la durée du film contre plus du ¼ du texte de la nouvelle) car le
cinéma supporte mal les longues tirades et préfère montrer plutôt que raconter
(cf. toutes les scènes rajoutées qui permettent d’illustrer certains propos du
narrateur de la nouvelle) ; en second lieu, son caractère violent,
pessimiste et misogyne est considérablement
atténué : si Maupassant cherche à faire la démonstration de la bêtise
des femmes, donc de l’impossibilité de pouvoir les comprendre, pour Ophüls,
l’enjeu se situe peut-être ailleurs…
-
reprendre
et ordonner les différents éléments de réponse contenus ci-dessus.
1.
Scène |
Titre |
Situation |
Lieu de la fiction |
Moment de la fiction |
Durée supposée |
1 |
Sur la plage (1) |
1 à 85 |
« petite ville d’Etretat…sur la plage…la terrasse du Casino… la promenade au bout du Casino…non loin de là… » |
« un grand jour de Juillet » |
|
2 |
Première dispute |
117 à 165 |
« une petite maison à Andrésy…au bord de la rivière…le long de
la rive… » |
« pendant trois mois … pour l’été…un soir…. » |
3 mois |
3 |
Confrontation finale |
176 à 237 |
« chez
moi…dans mon atelier » |
« trois mois plus tard…a la fin…un matin…vers trois heures de
l’après-midi » |
+ 3 ou 4 mois |
4 |
Sur la plage (2) |
241 à 246 |
|
« le soir venait…depuis une heure » |
1 heure |
Nb : mettre en évidence le choix de l’enchâssement ou mise en abyme qui permet entre autre de mettre à
distance les personnages de l’intrigue afin d’atténuer l’identification du
lecteur, de privilégier l’analyse psychologique au détriment de l’émotion
immédiate et de donner un caractère véridique à l’histoire racontée (le
personnage du narrateur comme intercesseur entre le lecteur et les personnages
principaux). Tous ces caractères s’inscrivent évidemment dans le projet global
de l’école dite réaliste et peuvent être réutilisés dans la question de
synthèse.
-
la durée de la fiction est à
peu près identique ; seuls les moments changent : la plage estivale et
peuplée de la nouvelle devient automnale et désertée dans le film (impératif de
tournage ou volonté de placer des personnages dans un décor à
l’unisson ?) ; la confrontation finale dans le film n’a plus lieu
« vers trois heures de l’après-midi »
mais « un soir, vers neuf heures »…
-
situations initiales et
situations finales strictement identiques. Seul le moment change
-
toutes les scènes de la
nouvelle ont été conservées ; pouvait-on en faire l’économie ? La scène de la dispute
correspond à l’événement perturbateur et la scène de la confrontation à
l’événement de résolution permettant d’ouvrir sur une situation finale. Ces
deux scènes correspondent à ce que l’on appelle au cinéma des scènes de climax.
-
En
revanche, de nombreuses scènes ont été rajoutées,
non seulement pour donner à montrer ce que dit le narrateur dans son très long
discours introductif mais plus encore pour amplifier le personnage de
Joséphine. Au total, huit scènes ont
été rajoutées (les faire repérer dans le doc. 3) :la scène des
Beaux-Arts, celle de l’atelier et celle de la galerie dans la séquence des
Amours, la scène de l’atelier dans la séquence des Disputes, la scène de la
galerie, celle de l’atelier, celle chez le chroniqueur et celle des errances
dans la séquence de la Séparation.
-
Enfin,
la séquence de la Confrontation a été
considérablement amplifiée :
a)
par
l’invention de la « parenthèse musicale »
b)
par
l’invention de la mezzanine qui permet d’achever le récit comme il avait
débuté : par une monté d’escaliers !
c)
par
le changement de point de vue : la caméra bascule par la fenêtre en même
temps que le personnage de Joséphine. Ce passage en caméra subjective nous fait
épouser le point de vue et le destin d’un personnage bien éloigné dans sa
« mise en scène » de celui de Maupassant.
-
Tous
ces rajouts permettent peu ou prou d’amplifier
le personnage de Joséphine, de la rendre plus complexe et plus sympathique,
allant même jusqu’à épouser son point de vue. Ainsi :
a)
dans
la scène des Beaux-Arts, l’initiative (donc la responsabilité) de la rencontre
revient à Jean ;
b)
la
première scène de l’atelier révèle la méprise de Jean , davantage amoureux
de l’ image (fatalité du peintre ?) que de la réalité.
c)
La
première scène de la galerie permet d’attribuer le succès professionnel de Jean
à son nouveau modèle (pure invention du cinéaste).
d)
Deux
des quatre scènes de la séquence de la Séparation transforment le spectateur du
film en témoin de la fidélité inéluctable, de la solitude et de la quête de
Joséphine ( Ophüls refuse manifestement de prendre le parti de Jean)…avant
qu’il ne bascule avec elle dans le vide !
NB : remontrer la très
significative « scène des errances » en insistant sur les effets
créés par l’introduction du thème musical, le retour sur des lieux familiers
mais à présent désertés, …
4. correspondance des scènes rajoutées
film |
nouvelle |
Beaux Arts (Amours) |
/ |
Atelier (Amours) |
l. 96 à 106 (sous
la forme du sommaire et de la description) |
Galerie (Amours) |
/ |
Atelier(Disputes) |
l. 161 à 165 (sommaire) |
Galerie (Séparation) |
l. 166-167 (sommaire) |
Atelier (Séparation) |
/ |
Chez le chroniqueur
(Séparation) |
l. 170 (sommaire) |
Errances (Séparation) |
/ |
Soit quatre des huit scènes rajoutées purement inventées par le réalisateur.
5.
reprendre et ordonner les différents éléments de réponse contenus ci-dessus.
1.
passages |
Désignation |
Caractérisation |
1 à 34 |
« couple …une jeune femme, sa femme… l’estropiée » |
« immobile et muet …ne parlaient point… ne se regardaient pas… son infirmité…son amour… » |
86 à 115 |
« la petite femme… les petites parisiennes… |
« un modèle… jolie, élégante, surtout… une taille divine… un peu séduisante… vraiment gentille, niaiserie élégante… jacassait, babillait, disait des bêtises… manière drôle… gestes gracieux… mouvements parfaits… ressemblait à tous les modèles » |
Cf.
en l’allégeant la réponse à la question 2 de la fiche 1
2.
Les forces agissantes sont à peu près identiques
dans la nouvelle et dans le film. La seule nuance concerne les aides de Jean
(dans le film : « sa nouvelle façon de peindre lui réussissait fort
bien » [réussite due à Joséphine…]
« Je n’aime que le travail… »).
3.
|
Nouvelle |
Film |
Personnages principaux |
Jean
- Joséphine |
Joséphine
- Jean |
Personnages secondaires |
L’ami de Jean - le personnage
« narré ». |
L’ami de Jean - le personnage
« narré » - le marchand de tableau |
Figurants |
Le domestique - la foule sur la plage. |
le client – le visiteur |
-
personnages
supprimés : le domestique (connotation trop « bourgeoise »
ou XIXémé ?) et la foule sur la plage (changement de saison)
-
personnages
rajoutés : le marchand de tableau, le client et le visiteur apparaissent
dans des scènes rajoutées ; au même titre que le narrateur personnage, ils
jouent un rôle d’intercesseurs entre le spectateur et les personnages
principaux en apportant leur point de vue sur le jeune couple (point de vue qui
s’apparente au contre champ du spectateur dans une mise en scène qui joue
principalement sur la profondeur de champ [ cf. fin de la scène de la galerie
dans la séquence des amours ] ).
-
Personnages
amplifiés :
1)
le
narrateur personnage notamment par l’invention de la parenthèse musicale
et par sa présence dans la scène
de la première rencontre
2)
surtout
Joséphine (cf. réponse à la question 3 fiche 2)
4. reprendre et ordonner les différents éléments de
réponse contenus ci-dessus.
Le Modèle de Maupassant nouvelle
réaliste (doc.1) car :
1)
une histoire simple tirée de
la vie quotidienne : le début et la fin d’une histoire d’amour
2)
qui
s’apparente à un fait divers :
l’un des deux personnages se défenestre
3)
qui
met en scènes des personnages ordinaires (un peintre
inconnu et un modèle quelconque) voire
médiocres (inconstance et lâcheté de Jean, sottise de Joséphine…)
4)
Jean personnage déterminé
par son métier : le peintre tombe amoureux d’une image, soit d’un leurre ; Joséphine déterminée par son physique :
cliché de la belle écervelée.
5)
etc.
Le Modèle d’Ophüls film baroque
(doc.6) car :
1)
un art du mouvement : très peu de plans
entièrement fixes, beaucoup de travelling
(recherche du mouvement perpétuel contre la hantise de l’immobilité
comme principal thème du film).
2)
L’inconstance
amoureuse de Jean : un amour détruit en trois mois…
3)
Le pathétique : le geste de Joséphine, son
infirmité, la pitié et les remords de Jean…
4)
etc.