Le dimanche 1er juin 1997 avait lieu le deuxième tour des élections législatives. En contravention avec la loi, Le Parisien décide de publier les résultats d’un sondage d’opinion sur les intentions de vote des électeurs.

 

Les résultats du sondage interdit

 

La loi du 19 juillet 1977 interdit en France la publication et le commentaire de tout sondage au cours de la semaine qui précède le scrutin. En vous livrant les données du dernier sondage, nous contrevenons donc à la loi française. Nous le faisons au nom de trois principes qui nous paraissent essentiels et en tout état de cause prééminents.

 

Nous le faisons d’abord au nom de la liberté de l’information. Un sondage d’opinion est un élément permettant l’appréciation d’une situation à un moment donné, un paramètre à interpréter, bref, tout simplement une information. Et l’information doit circuler librement, période électorale ou pas.

 

Nous le faisons au nom de l’égalité. Il est insupportable que seuls ceux qui ont les moyens, techniques ou autres, puissent bénéficier de cette information. Il est évident que les circuits modernes d’information, notamment Internet et le Minitel, rendent la loi caduque, inapplicable, injuste et fort peu démocratique. L’information est due à tous et ne peut être réservée aux puissants, aux initiés ou aux malins.

 

Nous le faisons enfin au nom du Traité de Rome, qui garantit la libre circulation de l’information ; nous le faisons au nom de l’Europe, où une loi aussi archaïque et si peu conforme à l’exercice de la démocratie est loin d’être généralisée.

 

Noël Couëdel (Directeur de la rédaction), Le Parisien, vendredi 30 mai 1997, N° 16402