Chapitre 2

 La marche à l’unité de l’Allemagne et de l’Italie

 

I  L’unification italienne

1) Le précurseur de l’unité: Mazzini

Doc.1

" Nous sommes un peuple de vingt et un à vingt deux millions d'hommes, désignés depuis un temps immémorial sous un même nom, celui de peuple italien, renfermés entre les limites naturelles les plus précises que Dieu ait jamais tracées, parlant la même langue, ayant les mêmes croyances, les mêmes moeurs, les mêmes habitudes, fiers du plus glorieux passé politique, scientifique, artistique, qui soit connu dans l'histoire européenne, ayant deux fois donné à l'humanité un lien, un mot d'ordre d'unité, une fois par la Rome des empereurs, une autre, quand les papes n'avaient pas encore trahi leurs missions, par la Rome papale...

Nous n'avons pas de drapeau, pas de nom politique, pas de rang parmi les nations européennes. Nous n'avons pas de centre commun, pas de pacte commun, pas de marché commun. Nous sommes démembrés en sept Etats...Un de ces Etats, comprenant à peu près le quart de la péninsule, appartient à l'Autriche ; les autres, quelques-uns par des liens de famille, tous par le sentiment de leur faiblesse, en subissent l'influence."

J. Mazzini, République et royauté en Italie, 1850

1- Selon vous à quelle conception de la nation ce texte s’apparente t-il , à la tradition française ou à la tradition allemande ? Justifiez votre réponse.

2- Quel paradoxe le texte met-il en évidence ? 

 

 2) Le moteur de l’unité: le royaume de Piémont – Sardaigne

Doc.2

Le royaume de Sardaigne. - Après la réaction de 1849, l'Italie se retrouvait, comme avant 1848, morcelée, dépendante des étrangers, soumise à l'absolutisme. Les gouvernements, irrités par la Révolution, étaient plus défiants contre la bourgeoisie libérale et les journaux ; il restait en Italie des garnisons étrangères, les Autrichiens en Toscane, les Français à Rome.

Le royaume de Sardaigne seul restait transformé par la Révolution ; le nouveau roi, Victor-Emmanuel 11, avait conservé le drapeau tricolore italien et la Constitution de 1848. C'était un petit Etat (de moins de 5 millions d'âmes), composé de quatre morceaux : l’île de Sardaigne, habitée par une population misérable et ignorante ; - la côte de Gênes, où les républicains étaient nombreux ; - la Savoie, un pays français ; - le Piémont, la principale province, où était la capitale, Turin. On y parlait le piémontais, un dialecte de l’italien, que les Italiens comprennent mal. Aux autres peuples d'Italie, les Piémontais semblaient grossiers, arriérés, à peine italiens. Mais le Piémont était en Italie le seul Etat libéral, le seul qui eût une dynastie nationale indépendante de l’étranger et une armée capable de se battre.

Cours d’ histoire, Ch. Seignobos, Paris, Armand Colin éditeur, 1910, p. 1 93.

1-Reportez-vous à la carte " Les étapes de l’unification allemande ". Repérez le Royaume de Piemont-Sardaigne.

2- D’après le texte, quels sont les principaux atouts dont dispose le Royaume de Piemont-Sardaigne pour mener à bien l’unification italienne.

3- Que dit le texte au sujet de la Savoie. Pourquoi ?

4- Ce texte est écrit par un historien français en 1910. Pour quelle raison selon vous le texte insiste t-il sur " une armée capable de se battre " ?

3) L’artisan de l’unité : Cavour

Doc.3 Lettre de Cavour (12 avril 1856).

Cavour essaie dans un congrès à Paris après la guerre de Crimée d'obtenir le soutien de la Grande-Bretagne et de la France. Il a trouvé un accueil favorable chez Lord Clarendon,ministre britannique.

"(...) Comme il y a là cependant une question de vie et de mort, nous ne devons agir qu'avec une grande prudence. C'est pourquoi j'ai l'intention d'aller à Londres afin de consulter Lord Palmerston et les autres hommes qui sont à la tête du gouvernement . S'ils partagent les vues de Clarendon, nous devons nous préparer secrètement, contracter un emprunt de 30 millions de francs, puis envoyer à l'Autriche un ultimatum qu'elle ne puisse accepter et ouvrir les hostilités.

L'Empereur (des Français) ne peut pas être contre cette guerre. Il la désire dans le fond de son coeur. En voyant l'Angleterre décidée à entrer en lice, il nous aidera certainement. Avant de partir, je tiendrai donc à l'Empereur le même langage que j'ai tenu à Lord Clarendon. (...) Le seul obstacle que je prévois, c'est le Pape. Que ferions-nous de lui dans le cas où une guerre italienne éclaterait ?

J'espère qu'en lisant cette lettre vous ne me croirez pas attaqué par une fièvre cérébrale ou en proie à un accès d'aliénation mentale. Au contraire, je suis dans un état parfait de santé intellectuelle. Je crois réellement que nous pouvons risquer avec de grandes chances de succès (...)."

 

Tiré des Lettres inédites du comte de Cavour à V. Ratazzi

1- Recherchez qui est précisément Cavour.

2- Reportez-vous à la carte de l’Europe au milieu du XIXème. Selon vous, quels sont les intérêts France et anglais dans le combat mené par l’Italie ? Justifiez votre réponse

3- Pourquoi le texte fait-il allusion au Pape ? Expliquez la phrase soulignée. 

 

II L’unification allemande

1) L’artisan de l’unité : Bismarck

Doc.4 Bismarck et le rôle de la Prusse dans l’unification allemande

Jamais, pas même à Francfort, je n'ai douté que la clef de la politique allemande ne se trouvât chez les souverains et dans les dynasties, et non pas chez les publicistes du Parlement et de la presse ou sur les barricades. Les manifestations de l'opinion des classes cultivées dans le Parlement et dans les journaux pouvaient agir sur la décision des dynasties, la favoriser ou la retarder, mais elles favorisaient en même temps leur résistance peut-être plus qu'elles n'exerçaient une pression dans un sens national. Les dynasties les plus faibles cherchaient un soutien en s'appuyant sur la cause nationale, les souverains et les maisons qui se sentaient plus capables de résister, se méfiaient du mouvement, parce que le développement de l'unité allemande eût entraîné forcément une diminution de leur indépendance au profit du pouvoir central et de la représentation populaire. La dynastie prussienne pouvait prévoir que dans le futur Empire allemand l'hégémonie1 lui reviendrait finalement avec un accroissement de crédit et de puissance.

1) Hégémonie = domination

                                               Pensées et souvenirs, Otto von Bismarck, Paris, 1899

1- Recherchez qui est précisement Bismarck. Précisez la nature du document ( Mémoires ? Discours ? Article ? etc…)

2- Relevez dans le texte les termes péjoratifs qui définissent les députés. Soulignez la phrase qui montre les réticences de Bismarck à l’égard du parlementarisme.

3- Quel est le rôle de la Prusse d’après l’auteur ?

 

2) Le moteur de l’unification : Le Royaume de Prusse

CHRONOLOGIE :

1853 : Renouvellement du Zollverein ( Union douanière réunissant les différents Etats allemands)

1862 : Le Roi de Prusse Guillaume 1er nomme Otto Von Bismarck Chancelier.

1866 : L'Autriche est écrasée à Sadowa par la Prusse

1867 : Création de la Confédération d'Allemagne du Nord après annexion par Prusse des petits Etats du Centre. ( L'Italie alliée de la Prusse contre l'Autriche reçoit la Vénétie ).

1870 : Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. L'empereur des français est fait prisonnier à Sedan.

- Les italiens peuvent occuper Rome (les français s'y opposaient )

- Les Etats du Sud acceptent d'entrer dans la Confédération

18 Janvier 1871 : Les princes proclament Guillaume 1er empereur d'Allemagne à Versailles

Doc.5: "Petite" et "grande" Allemagne

Doc 6 : La toute-puissance prussienne en Allemagne

1- Aux dépens de quelle puissance s'est faite l'unification allemande ?

2- Quelles sont les étapes de l'unification allemandes

3- Dans le document 6, quel est le symbole de la Prusse ? Pourquoi a-t-on choisi cet objet ?

4- Quelle est d'après la caricature le risque encouru par l'Allemagne ?

 

III Le rôle de la France dans les unifications allemande et italienne

1) Napoléon III et l’unité italienne

Doc. 7 : Proclamation de Napoléon III aux Italiens.

Quartier général de Milan, le 8 juin 1859.

Italiens !

Lorsque l'Autriche attaqua injustement le Piémont, je résolus de soutenir mon allié le roi de Sardaigne, l’ honneur et les intérêts de la France m'en faisant un devoir. Vos ennemis, qui sont les miens, ont tenté de diminuer la sympathie universelle qu'il y avait en Europe pour votre cause, en faisant croire que je ne faisais la guerre que par ambition personnelle, ou pour agrandir le territoire de la France. S'il y a des hommes qui ne comprennent pas leur époque, je ne suis pas du nombre (... ).

Je ne viens pas ici avec un système préconçu pour déposséder les souverains ni pour vous imposer ma volonté mon armée ne s'occupera que de deux choses : combattre vos ennemis, et maintenir l'ordre intérieur ; elle ne mettra aucun obstacle à la libre manifestation de vos voeux légitimes (... ).

Votre désir d'indépendance si longtemps exprimé, si souvent déçu, se réalisera si vous vous en montrez dignes. Unissez-vous donc dans un seul but, l'affranchissement de votre pays. Organisez-vous militairement. Volez sous les drapeaux du roi Victor-Emmanuel, qui vous a déjà si noblement montré la voie de l'honneur. Souvenez-vous que sans discipline il n'y a pas d'armée ; et, animés du feu sacré de la patrie, ne soyez aujourd'hui que soldats, demain, vous serez citoyens libres d'un grand pays.

La politique impériale de l'empereur Napoléon III, depuis le 10 décembre 1848 jusqu'en juillet 1865, Paris : Plon, 1865.

1- A quels intérêts Napoléon III fait-il allusion ?

2- Reportez-vous à la phrase soulignée : a quoi l’Autriche fait-elle allusion pour discréditer la France ?

3- Reportez à la carte de l’Europe au milieu du XIXème siècle : pourquoi la France soutient-elle le Royaume de Piémont Sardaigne ?

2 ) Napoléon III et l’unité allemande

Doc.8 : le témoignage de Bismarck

" J'admettais comme absolument certaine, dans la voie de notre développement national à venir, tant au point de vue Intérieur qu'à celui de l'extension au-delà du Mein, la nécessité de faire la guerre contre la France... Mais il ne fallait pas provoquer trop tôt son hostilité... ne pas donner prise au désir de revanche de l'Autriche... Je voulais retarder cette guerre jusqu'à ce que les effets de notre législation et de notre éducation militaire eussent pu se développer complètement dans toutes les régions qui n'appartenaient pas à la Vieille Prusse. Ce résultat que je poursuivais n'était pas atteint au moment où se produisit la question du Luxembourg, en 1867... Chaque année de délai pour la guerre renforçait notre armée de plus de 100.000 soldats instruits... Je n'avais jamais douté que le rétablissement de l'Empire Allemand ne dût être précédé de la victoire sur la France. (...) La guerre contre la France est nécessaire parce que la nation ne pouvait être étroitement unie que dans une colère commune. "

1- Quelle est la raison de l’attente de Bismarck ?

2- Quelle est l’utilité de la France dans les projets de Bismarck ?

3- Reportez-vous à la chronologie du deuxième chapitre. Quelle est la position de l’Italie face au conflit franco-allemand ?

4- En quoi ce texte confirme t-il le message contenu dans la caricature Doc. 6

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