«Français, J'ai rencontré jeudi dernier, le Chancelier du Reich. C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française... dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténué la charge des frais d'occupation. Ainsi, pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire. Cette collaboration doit être sincère... Elle doit comporter un effort patient et confiant. »

 

Philippe Pétain, message radiodiffusé du 30 octobre 1940

 

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«Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »

 

Charles de Gaulle, appel lancé le 18 juin 1940 à la B. B. C. 

 

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«Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s'ouvrit avec fracas, l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère [ ... ]. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. A un moment donné ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous [...] "Quel âge ? En bonne santé ou malade ?" et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes. Quelqu'un osa s'inquiéter des bagages: ils lui dirent "bagages, après" ;  un ne voulait pas quitter sa femme: ils lui dirent "après, de nouveau ensemble` beaucoup de mères refusaient de se séparer de leurs enfants- ils leur dirent "bon, bon, rester avec enfants". Sans jamais se départir de la tranquille assurance de qui ne fait qu'accomplir son travail de tous les jours ;

 

[... ] Ceux que le hasard faisait descendre du bon côté entraient dans le camp-, les autres finissaient à la chambre à gaz. Ainsi mourut la petite Émilia, âgée de trois ans, tant était évidente aux yeux d'Allemands la nécessité historique de mettre à mort les enfants des juifs. » 

 

Primo Levi, Si c'est un homme, Éd. Julliard, 1987

 

D'où sortent les nouveaux arrivants ?

Pourquoi ont-ils des valises ?

Pourquoi les Allemands font-ils croire que les familles seront réunies ?

Pourquoi font-ils une sélection ?

Que deviennent ceux qui ne sont pas gazés ?

 

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Une ville est mise en quarantaine à la suite d'une épidémie de peste transmise par des rats. Les habitants ne peuvent ni sortir, ni recevoir de visite de ceux qui sont à l'extérieur. Camus va dresser des portraits de comportements individuels de ceux qui sont coincés dans la ville: il y a les héros, ceux qui aident leurs voisins ou qui luttent contre la peste, les lâches, ceux qui veulent fuir... Finalement la peste sera vaincue. Dans ce roman, Camus raconte en fait l'histoire de la France occupée par les nazis. Dans cette France que personne ne peut quitter, il y a les héros, les Résistants, les lâches, ceux qui laissent faire sans rien dire, les traîtres, ceux qui collaborent avec l'ennemi. La peste est donc à la fois une maladie mais aussi une image pour parler du nazisme et des malheurs qu'il a causé en Europe entre 1933 et 1945. Voici le dernier paragraphe du roman de Camus: 

 

«Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.»

 

Albert Camus, La Peste, 1947

 

La peste est donc vaincue. Rieux, qui a contribué à résorber l'épidémie, devrait être heureux. Pourtant, il semble inquiet. Pourquoi ?